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    Les misérables. [PV: Isaiah]
     :: London :: East London :: Résidences

    Invité

    Anonymous
    Invité
    Mer 7 Juin - 16:02
    Les ombres s'étiraient d'un bout à l'autre des rues. Bientôt le soleil rendrait son dernier souffle, emporté par la nuit il irait voir de l'autre côté du globe si l'herbe était plus verte. Au-dessus des londoniens le ciel du couchant était quasiment invisible, noyé dans une bruine glaciale. Il ne pleuvait pas, ce n'était pas aussi franc, l'eau ne tombait pas, elle restait en suspension dans l'air, imprégnant l'atmosphère de sa sourde présence. Le brume se mêlait à la fumée des usines, elle prenait sa couleur et son odeur. Un nuage épais qui donnait aux rues une allure particulière, inquiétante, mystique. Une silhouette masculine s'extirpait du fog londonien pour entrer dans une ruelle plongée dans cette semi-obscurité malaisante. Pantalon brun, veste grise, casquette vissée sur la tête, il avançait le menton bas.

    Johanne faisait profil bas, son costume donnait l'illusion dans le brouillard mais il ne transformait pas les traits de son visage, désespérément féminins. Si elle aurait préféré naitre homme ? Sans doute que cela aurait tout changé. Vraiment tout. Elle se tint le bras un bref instant avant de soupirer une vapeur blanche qui rejoindrait la brume ambiante. La journée avait été longue et la nuit était finalement tombée lorsqu'elle rejoignit l'impasse dans laquelle elle résidait. Jetant rapidement un oeil par dessus son épaule avant de s'y engager, la jeune femme s'assurait que personne ne la suivait, elle était devenue plus prudente ces dernières semaines. Les gens disparaissaient ici.

    Il n'y avait personne derrière elle pourtant, elle ne vit pas tout de suite qu'elle n'était pas seule dans cette impasse. Inconsciente d'être déjà observée, elle s'avançait en direction des portes menant à la cave dans laquelle, elle l'espérait, tous les gamins l'attendaient. Elle s'arrêtait à quelques mètres de là, ses yeux clairs posés sur une masse sombre au pied du mur à sa droite. Un rat. Il y en avait toujours quelques uns mais d'habitude ils décampaient avant qu'elle n'approche. Celui là ne bougeait pas. Elle avait cru qu'il était mort mais non, il la regardait. Il avait pas l'air en forme, s'il n'était pas encore mort il le serait sans doute bientôt, les chats du quartier ne lui ferait pas de cadeau. Johanne le regarde, elle n'a jamais détourné les yeux face à la misère.

    - Rude journée ?

    Un sourire glisse sur ses lèvres, alors qu'elle s'accroupit sans chercher à se rapprocher de l'animal. Elle n'avait pas l'habitude de faire la conversation aux rats du coin mais, peut-être que ce soir elle en avait besoin.

    - Un chat t'a chopé ?

    Ses yeux cherchent la blessure, l'explication, ils finissent par tomber sur une plaie ouverte sur la patte avant gauche, il avait le pelage en vrac aussi, il avait peut-être une morsure dans le dos ? A moins que quelqu'un lui ai mit un coup d'pied ?

    - Y a des sacrés cons dans le coin, faut faire gaffe à son cul.

    Sans vraiment y faire attention, Johanne avait fini par s'asseoir, là, sur les pavés mouillés et boueux, à côté d'un rat qui allait certainement lui couiner à la gueule avant de se barrer. Elle devrait l'achever avant qu'il essaie de rentrer dans leur cave.. C'est ce que feraient ses voisins, sans doute avec raison. Mais Johanne, elle pouvait pas leur faire du mal, à ces nuisibles, ces vermines des bas fonds.. Ils étaient un peu de la même famille après tout. Les rupins les considéraient comme des rats, eux qui vivaient dans leurs ordures, à faire les boulots de merde dont ils veulent pas. Peut-être qu'elle projetait trop ? Sans doute même.

    - Viens là, va..

    Elle tend la main, le rat marque un mouvement de recule, elle s'arrête, prête à le voir détaler mais il bouge pas davantage. Levant sa main, paume en avant comme pour s'excuser, Johanne ramène sa main jusqu'à la poche intérieure de sa veste. Les hommes y mettaient des flasques d'alcool, et elle aussi. Elle la pose par terre à côté d'elle et farfouille jusqu'à trouver le rouleau de bandage qui la quitte encore plus rarement que la flasque. Le mordant pour libérer ses mains, elle remonte la manche de son bras gauche dévoilant lentement l'ecchymose violacée qui couvrait son avant-bras. Reprenant le bandage en main, elle regarde le rat.

    - J'ai croisé un chat aussi. Un gros con qui voulait se faire une souris qu'avait rien demandé.

    Les chats devaient avoir les oreilles qui sifflent. Johanne elle sourit, contente de son analogie qui commençait à devenir un peu trop imagée mais bon, elle parlait à un rat alors... Imbibant légèrement le bandage avec l'alcool de sa flasque, la jeune femme bande son bras.

    - C'est un peu du gâchis t'vas me dire mais parait que l'alcool c'est bon pour les bobo.

    Habituée, Johanne était habile, le bandage était parfait, très certainement inutile mais elle n'était pas médecin. Au moins elle pourrait dire aux gamins qu'elle s'était vautrée à la sortie de l'usine, ils verraient pas les marques des doigts sur son bras. Les prunelles azurées se relèvent sur le rat qui l'écoutait, il l'écoutait pas vrai ? Elle en avait l'impression.

    - 'Fin t'vas rien me dire..

    Elle sourit et se marre toute seule. Puis elle lui tend la main, paume vers le ciel, sans chercher à l'atteindre cette fois, juste lui faire signe.

    - J'te rafistole ?

    Il bouge pas. Elle est conne aussi, y a pas moyen qu'il l'a comprenne.

    - T'fais pas l'con, tu me mords pas hein ?

    Elle approche lentement ses doigts du pelage détrempé et avec d'infinies précautions, pour pas se faire niaquer et pour pas appuyer sur les blessures qu'elle avait vu, elle attrape la petite créature et la pose sur ses genoux. Il n'avait pas essayé de mordre, pas non plus de la griffer ou de se débattre en fait.. Il devait être sacrément mal en point pour être aussi apathique. Coupant à la canine un bout de bandage, elle s'occupe de la patte avant puis tente de repérer les autres marques..

    - J'suis pas toubib et t'es tout petit, j'vois que dalle.

    Pourtant, il devait bien avoir autre chose pour être aussi faiblard. Dans le doute, elle lui entoure le bide de bandage, ça tiendra le tout en place ?

    - Ah, j'sais !

    Une lumière s'était allumée là-haut, sortant du fond de sa poche un trognon de pain tout humide à cause de la météo, elle le donne à l'animal. C'était peut-être bien pour ça qu'il était tout chétif, il avait pas bouffé ! Sans trop réfléchir elle lui tapote le haut de la tête.

    - Là, ça va mieux non ? Elle était pas si pourrie qu'ça cette journée, non ?

    Elle rit, là, le cul dans la boue, un rat sur les genoux. Elle se parle à elle-même. Sa journée était pas si pourrie, finalement. Elle s'était pris le bec avec un gros con mais elle avait surtout aidé la donzelle sur laquelle il avait décidé de jeter son dévolu sans s'intéresser à son avis. Puis, elle avait fait une rencontre improbable. Enfin, c'était pas si improbable de croiser un rat dans l'East End. Une rencontre amusante alors.

    La porte de la cave s'ouvrait, une tête blonde dépassait de l'ouverture.

    - Jo' qu'est-ce que tu fous à rire toute seule au milieu du pavé ? T'es bourrée ? Tu déconnes, on s'inquiétait nous p'tain !

    Le rat avait détalé. Johanne se retrouvait comme une débile mais bon, la présence du rat n'aurait pas rendu le tableau plus logique pour Billy qui commençait déjà à redescendre en pestant. Johanne se lève, range le rouleau et la flasque, elle jette un regard derrière elle mais elle ne voit plus le petit animal. Bah. Avec un peu de chance, il s'en tirerait pour cette nuit. C'était déjà ça de gagner, pas vrai ? Elle referme les portes de la cave, les oreilles assourdies par la gueulante des gamins derrière elle. Elle sourit. C'était déjà ça de gagner.

    Invité

    Anonymous
    Invité
    Dim 18 Juin - 7:04
    TW : sang, aiguille, blessure

    - Oubliez vot' bras gauche pour quelques temps. Ne manquerait plus que ça se déchire de nouveau et que ça s'infecte pour de bon. Si ça arrive.... J'donne pas cher de vot' peau. En tout cas, pas mal moins qu'les paris pour lesquels vous vous êtes battu. Qui vous a nettoyé ça?

    Le vieux chirurgien te regarde d'un air méfiant, ronchonne et enfonce une fois de plus l'aiguille pour recoudre ta chair. Une demie-heure qu'il travaille, avec son instrument chauffé à blanc. Ce n'est pas joli. La plaie est profonde, dans l'épaule et t'ouvre tout le bras, comme si un énorme félin t'avait sauté dessus. Il en a surement vu de toutes sortes. Des membres cassés, des coups de couteaux, des balles et des balles à extraire, sans doute.  Mais ça... Des paris... Il te prend sans doute pour une de ces pauvres âmes qui combattent à mains nues des chiens affamés, pour quelques pièces. Un geste trop brusque. Tu étouffe un cri de douleur, au contact sur genou, sur la peau toute bleuie et griffée de tes côtes. Tu ne dis rien. Il n'a pas à savoir, tu le paie pour son silence.

    Tu peines encore à bouger. Tu as mal aux os, tu as froid et le goût de fer, dans ta bouche, te donne la nausée. Maudites incisives! Tu fermes les yeux. Tu l'as échappé belle, cette fois-ci. Si ce n'était de cette fille...

    Tu renifles, humilié. Abattu.

    Cette fille t'a sauvé la vie.

    **

    Tu ne l'as pas venu venir. D'habitude, il y a toujours un avertissement, un couinement, un grincement. Les rats n'attaquent pas comme ça. Pas dans l'ombre. Pas par surprise. Tu n'avais pas sitôt senti sa présence que des griffes te labouraient le ventre et que les incisives te déchiraient l'épaules. Rien à faire. Toutes tes tactiques pour lui faire peur ont échoué, une à une. Comme si… comme si il savait exactement comment tu réagirais. Comme si chacun de tes mouvements avaient été devinés d'avance. Comme si tu avais affaire... à un soldat expérimenté. Tu frissonnes rien que d'y penser.

    Tu t'es retrouvé là, au milieu des déjections, incapable d'appeler à l'aide. Ignoré, presque piétiné.
    Incapable de revenir à une humanité salvatrice. Une vermine dans les déchets d'une sombre ruelle. Ce serait ton dernier souffle. Loin de Miriam, loin d'Élie. Loin de la rédemption que tu t'étais un jour promis d'avoir.

    Et puis elle est arrivée. Tu as d'abord cru à un de ces garnements qui hantent les bas-fonds du quartier. Un de ces orphelins, sans père, sans mère et sans foi, avec la rage dans les yeux et la survie animale pour toute morale. Il n'aurait qu'à te donner le coup de grâce. Mais le gamin s'est mis à te parler. Une voix d'allumettière encore claire malgré l'argot de la rue.

    Une fille. Une fille assise dans la boue, la flasque dans les mains. Une femme, déjà que la vie n'avait pas épargnée.  Elle s'est mise à te parler. Presque comme un égal. Était-elle si seule que ça? Tu l'as écoutée. Au moins, tu ne mourrais pas seul. Au moins, le son de sa voix te bercerais... Tu as tenté de reculer mais tu étais trop faible. Tu t'es laissé manipuler, comme du chiffon. Et puis il y a eu la brûlure de l'alcool au travers de ton pelage sale. Et le bandage. Le bandage qui empêcherait le sang de couler davantage...

    **

    - Qui a bandé vot' plaie?
    Le vieux chirurgien enlève ce qui reste du vieux bandage raidi et brûnatre qui enserre à peine ton épaule. Il tire trop fort sur le nouveau, en sifflant sur la propreté de la plaie et de la netteté de sa suture.
    Tu ne dis rien. Tu sens encore ses mains douces sur son pelage. Ses mains, aussi douces, aussi calleuses que celle de Miriam.

    Une orpheline.
    Tu lui dois la vie.

    **

    Tu es exténué. Tu tiens à peine debout. On t'a à peine laissé deux jours de repos, au White's. Les clients t'ont dévisagé, toi et ton écharde. Mais un serviteur blessé est un chômeur, tout le monde le sait. Maintenant, ils ne remarquent même plus tes gestes maladroits. Tant que leur foutu scotch est servi, tu reste invisible.

    Trois nuits que tu hante, en claudiquant cette cave, sous ta forme infâme. Une cave comme un refuge, une cave remplie d'orphelins. Tu as fait le ménage. Il n'y a plus de cafards. Et les rats n'oseront plus y entrer.

    C'est toi qui fait la loi.
    Enfin, c'était toi, jusqu'à tout récemment.

    Ces orphelins... Certains ont l'âge d'Élie. L'âge de ton fils.

    Tu traîne de peine et de misère ton paquet, dans le bras droit. Moore, le cuisinier, ne t'a pas posé de questions. Après tout, ces restes finiraient dans les égouts et dans la Tamise. Aucun gentleman ne toucherait plus à cette viande ni à ces légumes. Autant les donner.

    Ca fait trois fois que tu fais ce manège. Que tu attends la brunante pour t'éclipser en douce vers le East-Side et te diriger vers cette fatidique ruelle.

    Tu ne pourras jamais remercier cette jeune femme. Jamais.
    Mais elle et sa ribambelle d'orphelins auront un peu à manger. N'a t-elle pas partagé son pain avec toi?

    Tu rouspetes, dans ta barbe. Minuit, déjà. L'alcool a coulé à flot, ce soir, au club. Ils ne t'ont pas laissé partir.  
    Tu ajustes une autre fois ton écharde, en grinçant des dents. La plaie sera lente à guérir.

    Discrètement, tu te faufiles à l'entrée du refuge et y dépose ton paquet.
    Il est temps de rentrer chez toi.

    Invité

    Anonymous
    Invité
    Mer 28 Juin - 10:54
    La nuit était tombée sur la ville. Un voile obscure qui n'était plus si opaque dans les beaux quartiers éclairés mais qui restait dense et inquiétant dans les rues malfamées de la capitale. Les silhouettes devenaient ombres, l'obscurité donnait à chacun une forme d'anonymat qui rendait certains hommes plus dangereux encore que le jour levé. La noirceur de Londres, Johanne flirtait avec depuis longtemps, tâchant de l'éviter le plus souvent, elle ne pouvait toujours éviter de s'y mêler. Elle connaissait certains noms, certains visages, cela lui évitait parfois des ennuis, parfois seulement. La nuit n'était pas son domaine, elle en connaissait quelques codes grâce à Lovely mais elle savait qu'elle n'était pas de taille à affronter tous les chiens qui sortaient à l'heure du loup.

    Et pourtant, là voilà dehors, ses yeux bleus plissés pour essayer de discerner quelque chose dans cette allée alors que les nuages masquent l'éclat lunaire. Ce n'était sans doute pas une bonne idée et son poing fermé sur l'opinel au fond de sa poche ne lui donnait ni plus d'argument, ni plus de courage. Elle ne pouvait pourtant pas s'enfermer dans la cave comme elle le faisait normalement, cette nuit, elle devait savoir. Sa quête de vérité finirait par la mener dans la Tamise, on le lui avait déjà dit mais elle n’avait visiblement pas assez écouté. Elle regardait par-dessus son épaule en rentrant chez elle après le travail, vérifiait qu’elle n’était pas suivie avant de rejoindre les gamins mais elle sortait en pleine nuit pour suivre un bonhomme louche. Il faudrait sans doute qu’elle revoit sa définition de la prudence.

    Mais Johanne n’a jamais été la femme la plus prudente de Londres et c’était pas son genre de laisser un gars chelou qui se prenait pour le père noel trainer autour de la planque de ses gamins.

    Le premier jour elle avait cru à un coup de bol, ce paquet de nourriture tombé là, égaré ? Jeté ? C’était bizarre, personne dans le quartier ne jetterait quoi que ce soit d’encore comestible. C’était louche mais elle pouvait pas faire le tour du quartier en demandant qui avait oublié ça devant chez elle, elle aurait eu trente propriétaires en moins d’une heure. Alors elle avait écouté Billy qui disait qu’il fallait pas se plaindre d’avoir le ventre plein. Quand c’était arrivé une deuxième fois, là.. même Billy avait commencé à y regarder à deux fois avant de manger. On essayait de les empoisonner ? Le proprio qui voulait récupérer sa cave ? Il avait pas vraiment à se plaindre, Jo’ payait son loyer, puis, s’il voulait les virer, il avait qu’à envoyer quelques gros bras, c’était qu’une bande de gamins après tout. Alors un voisin ? Ils étaient pas assez fourbes et certainement pas assez riches pour gâcher de la nourriture ou acheter du poison. Alors quoi ?

    Alors quoi ? La question était restée dans un coin de sa tête toute la journée et ses méninges s’étaient emmêlées à force de confronter des hypothèses toutes plus bizarres les unes que les autres. Elle avait même pensé un moment que ça pourrait être son père. Il aurait finalement retrouvé sa trace et il essaierait de faire amende honorable en lui filant à bouffer ? Ou d’acheter son retour ? C’était carrément dérangeant mais pas impossible. Elle ne saurait pas, de toute manière, elle n’aurait aucune réponse.. tant qu’elle n’aurait pas choper ce gars..

    Alors elle avait monté la garde, à l’angle, planquée derrière une benne, couverte d’une vieille couverture trouée. Elle endossait un rôle de miséreuse qu’elle avait déjà expérimenté, se planquer pour essayer de dormir, elle avait déjà fait. Cela dit, elle n’aurait pas choisi cet endroit, c’était trop isolé. Mais c’était pas loin de l’impasse et si quelqu’un devait déposer quelque chose là-bas il serait obligé de passer dans son champ de vision. Trois bonnes heures qu’elle poireautait là, à tendre le cou dès qu’une ombre se dirigeait dans la bonne direction. Elle avait reconnu ses voisins et les quelques inconnus qui étaient passés par là n’avaient pas tourné dans l’impasse. Elle ne s’était pas démontée la Jo’, elle était patiente, et même si son coeur faisait un allé retour sur la gauche quand elle voyait quelqu’un se diriger vers elle, elle restait planquée, silencieuse, à l'affût.

    Puis il s’était pointé. Il faisait trop nuit pour qu’elle voit son visage mais il avait tourné dans l’impasse, un paquet sous le bras. “Merde, merde, merde !” c’était dit Johanne, elle attendait que ça depuis le soir mais maintenant qu’elle avait son suspect sous les yeux, elle paniquait. Sa planque avait fonctionné, génial, elle faisait quoi maintenant ? Avant qu’elle n’ait trouvé une réponse convaincante, la silhouette anonyme ressortait de l’impasse et commençait à s’éloigner. La pigiste en herbe se redressait comme si on venait de lui mettre un pied au derrière et sans vraiment avoir le temps d’y réfléchir à deux fois, elle se mettait à suivre un gars louche dans les rues obscures de l’East End.

    Ce n’était pas si bête, si elle savait où il habitait, elle pourrait y retourner de jour, se renseigner, trouver qui il était et de là peut-être, deviner pourquoi il livrait de la nourriture devant leur porte ? Si c’était un gars de l’East, elle aurait vite fait de trouver son identité et s’il tournait au nord, elle aurait des contacts mais ça lui coûterait sans doute quelques shillings. Et l’ouest ? Impossible que ce gars soit un nobliard égaré en quête de bonne action. Les quelques rupins qui voulaient se donner une image de mère Thérésa, ils venaient pas là et pas la nuit.

    Mains dans les poches, casquette sur la tête, menton baissé, Johanne faisait profil bas et rasait les murs en jetant des œillades régulières à la proie de sa curiosité. Elle n’avait pas vraiment l’impression d’être un prédateur même si elle se comportait comme un vicieux et elle baissait prudemment la tête quand une ombre allait en sens inverse. Ils allaient jusqu’où comme ça ? Il habitait pas à côté le bougre ! Qu’est-ce qu’il foutait à traverser Londres pour leur donner un paquet de bouffe ? Est-ce que c’était le père d’un des gamins ? Celui de la p'tite nouvelle ? Les poings se ferment dans ses poches, il pensait qu’un paquet de bouffe ou deux, ça suffirait à faire oublier les bleus ? Il voulait peut-être une seconde chance.. et si c’était le cas, ce n’était pas à elle de décider mais à la p'tite.. Mais bordel, elle lui collerait bien son poing dans la figure, qu’il voit ce que ça fait !

    L’homme disparaissait au coin de la rue suivante, Jo’ accélérait l’allure et se rendit soudain compte qu’elle n’était pas la seule à presser le pas. Derrière elle, une ombre s’était rapprochée.

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